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1 Situation g�n�rale
La R�publique unie du Cameroun d'aujourd'hui se trouve limit�e au nord-ouest par le Nig�ria, � l'est par le Tchad et la R�publique centrafricaine, au sud par le Congo, le Gabon et la Guin�e �quatoriale, � l'ouest par le golfe de Guin�e (Pacifique). (Voir carte).
Le Cameroun fut un protectorat allemand de 1884 � 1919. Puis les forces franco-britanniques occup�rent le pays qui fut par la suite partag� entre la France et la Grande-Bretagne, celle-ci h�ritant d'une bande �troite limitrophe du Nig�ria. Chacun des colonisateurs marqua sa partie de son empreinte. Le Cameroun fran�ais obtint son ind�pendance en 1960. Quant au Cameroun britannique, apr�s un r�f�rendum, il se scinda en deux parties: le Nord s'unit au Nig�ria, le Sud � l'ex-Cameroun fran�ais pour former, en 1961, la R�publique f�d�rale du Cameroun. Le Cameroun fran�ais prit le fran�ais comme langue officielle; le Cameroun anglais choisit l'anglais. L'union des deux �tats f�d�r�s prit fin en 1972. On forma alors une r�publique centralis�e et divis�e en 10 provinces administratives, huit de langue fran�aise, deux de langue anglaise.
2 La situation d�molinguistique
Les langues camerounaises sont � la fois si nombreuses (entre 250 et 300), si diverses (enchev�trement de langues�nig�ro-congolaises, nilo-sahariennes, bantoues) et parl�es par si peu de locuteurs qu'il paraissait plus pratique de maintenir le fran�ais et l'anglais comme langues officielles de l'�tat. De toute fa�on, personne ne s'est alors int�ress� au sort des langues nationales, qui s'�crivaient peu ou pas du tout.
La langue la plus parl�e dans le pays demeure encore aujourd'hui le pidgin-english, qui sert de langue v�hiculaire dans les deux provinces anglophones et dans les provinces francophones de l'Ouest et du littoral, contigu�s aux provinces anglophones. C'est �galement l'idiome v�hiculaire dans les grandes villes commer�antes telles Ebolowa, Mbalmayo, Yaound� (la capitale), Douala, Batouri, Ngaound�r�: au total deux millions de locuteurs environ. Aucun Camerounais ne parle le pidgin-english comme langue maternelle.
Le Cameroun applique la formule de la division territoriale des langues. Le sud-ouest du pays constitue la portion "anglophone"; tout le reste, la partie "francophone". Les francophones repr�sente 67 % de la population, contre 33 % pour les "anglophones". M�me si le fran�ais et l'anglais sont reconnus � �galit� dans l'administration, l'�ducation, le commerce et les m�dias, on verra que la balance est plus lourde d'un c�t� que de l'autre, d'autant plus que Yaound�, la capitale politique, et Douala, la capitale �conomique, sont situ�es toutes deux dans la zone francophone.
3 Un bilinguisme in�galitaire
L'article 1 (par. 3) de la Constitution de 1996 stipule que le fran�ais et l'anglais sont les deux langues officielles du pays:
(3) La R�publique du Cameroun adopte l'anglais et le fran�ais comme langues
officielles d'�gale valeur.
Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'�tendue du territoire.
Elle oeuvre pour la protection et la promotion des langues nationales.
La politique linguistique du gouvernement camerounais est fond�e sur les droits personnels reconnus seulement aux usagers du fran�ais ou de l'anglais. Toutefois, ces droits ne sont applicables qu'en fran�ais dans la partie fran�aise et qu'en anglais dans la partie anglaise.
Dans les INSTITUTIONS COMMUNES aux deux r�gions, c'est la formule des droits personnels qui pr�vaut et non plus la s�paration des langues: par exemple au Parlement, � l'universit�, dans certaines cours de justice. Au Parlement, les d�put�s s'expriment dans la langue de leur choix (fran�ais ou anglais), mais la loi du nombre fait que les d�lib�rations se d�roulent le plus souvent en fran�ais; les lois sont adopt�es dans les deux langues.
La capitale du Cameroun, Yaound�, est rest�e essentiellement fran�aise. Les Camerounais qui viennent des provinces anglaises pour y travailler ne peuvent s'y faire comprendre en parlant anglais. Dans l'ADMINISTRATION gouvernementale de Yaound�, le fran�ais occupe une place pr�pond�rante: les bilingues sont rares m�me si le bilinguisme fait partie des crit�res d'embauche des fonctionnaires. Le bilinguisme institutionnel est plus visible sur les formulaires administratifs. Dans l'arm�e, seul le fran�ais est admis. Les anglophones et pidginophones doivent donc devenir bilingues.
Dans l'administration r�gionale, l'anglais est utilis� couramment dans le Sud-Ouest. Cependant, les fonctionnaires anglophones sont d�savantag�s s'ils ne connaissent pas le fran�ais parce qu'il leur sera impossible de poursuivre leur carri�re apr�s quelques ann�es de service. Il en est de m�me pour les policiers. Les anglophones ne peuvent recourir � des services dans leur langue � l'�chelle du pays alors que les francophones peuvent �ventuellement le faire dans la partie anglophone.
Le domaine de la JUSTICE subit un traitement assez particulier. Les deux provinces anglaises ne fonctionnent qu'en anglais et se r�f�rent au droit priv� de tradition britannique. Dans le reste du pays, c'est le droit civil fran�ais et la langue fran�aise qui sont de rigueur. Lorsqu'un Camerounais ignore l'une des deux langues officielles, le juge permet l'utilisation de la langue maternelle et exige un traducteur.
Dans le domaine de l'ENSEIGNEMENT, les langues nationales demeurent interdites, mais tous les Camerounais qui s'instruisent sont assur�s de recevoir un enseignement en fran�ais ou en anglais (selon la zone linguistique) du primaire � la fin du secondaire; l'enseignement de l'autre langue devient obligatoire en sixi�me ann�e. Malgr� les efforts du minist�re de l'�ducation pour propager le bilinguisme chez les enfants, les r�sultats paraissent plut�t modestes, particuli�rement chez les francophones; l'enseignement de l'anglais pour ces derniers reste tr�s scolaire, car ils ne trouvent � peu pr�s personne � qui parler anglais; "On nous emb�te avec l'anglais" disent beaucoup d'�l�ves.
� l'universit�, les �tudiants re�oivent leurs cours en fran�ais ou en anglais, selon la langue que le professeur ma�trise le mieux. Ceux et celles qui ma�trisent les deux langues (la minorit� des �tudiants) sont avantag�s; les autres s'installent, le temps d'un cours, � c�t� d'un "anglo" ou d'un "franco" pour recopier ensuite les notes de celui-ci. Dans la pratique, le fran�ais reste donc pr�dominant.
Du c�t� des M�DIAS, Radio-Yaound� diffuse 13 heures par jours en fran�ais et 7 heures en anglais; des flashes d'information sont diffus�s dans les deux langues au d�but de chaque heure. Le journal national, Cameroun-Tribune, para�t tous les jours en fran�ais, mais une seule fois par semaine en anglais.
4 La place des langues nationales
Le bilinguisme institutionnel du Cameroun ne laisse aucune place aux langues nationales; l'individu qui ne parle que sa langue maternelle est prisonnier dans son propre pays. En dehors du village, point de salut! Pour savoir le fran�ais ou l'anglais, il faut fr�quenter l'�cole; or 41 % des Camerounais �taient analphab�tes en 1991.
En cas de force majeure, il faut bien que les fonctionnaires aient recours � quelques-unes des langues nationales. L'usage pr�valant dans les cours de justice se perp�tue n�cessairement au sein de divers services municipaux. Comme les langues nationales ne sont pas �crites, on ne peut les employer ni dans les missives ou messages adress�s aux citoyens ni dans la presse �crite. Elles sont cependant tol�r�es � la radio: huit heures quarante minutes hebdomadaires pour 28 langues. Quelques stations �mettent en pidgin, surtout dans les �missions d'information, d'�ducation sanitaire ou agricole. La chanson en langue autochtone diffus�e � la radio conna�t beaucoup de succ�s dans tout le pays.
Devant l'indiff�rence de l'�tat � l'�gard des langues camerounaises, la revanche des citoyens se traduit par l'utilisation du pidgin-english, langue de communication plus populaire que le fran�ais et l'anglais r�unis, particuli�rement dans tout le Sud-Ouest ainsi qu'� Yaound�. C'est la langue camerounaise de tout le monde, celle qu'on utilise au march�, � l'�glise, chez le m�decin, au commissariat de police et dans les conseils d'administration de la capitale. Certains politiciens n'h�sitent m�me plus � s'adresser en pidgin-english � leurs �lecteurs potentiels et la radio d'�tat y a recours dans les situations d'urgence. Bien qu'il soit interdit officiellement et d�test� par plusieurs, cet "anglais de brousse" semble un "mal n�cessaire" dans ce pays o� r�gne un multilinguisme omnipr�sent.
Le bilinguisme institutionnel du Cameroun se veut �galitaire quand il s'agit des symboles de l'�tat (timbres, billets de banque, Parlement, r�daction des lois), mais il ne peut pr�tendre l'�tre sur le plan des services. Il ne dispense pas non plus la "minorit� officielle" de la connaissance du fran�ais. Les anglophones doivent en effet faire beaucoup plus d'efforts pour parler et �crire le fran�ais que ne le font les francophones pour l'anglais. Le Cameroun demeure le seul �tat bilingue (fran�ais-anglais) au monde o� l'anglais recule devant le fran�ais. Mais il est improbable que l'anglais, en raison de son importance strat�gique sur le plan international, finisse par �tre compl�tement �vinc� par le fran�ais.
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Bibliographie
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